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Quatrième procès de Sonia Dahmani - Rapport de mission de Pierre-Ann Laugery, 29 septembre et 1er octobre 2025

Rapport de Mission 29 septembre-1er octobre 2025 - Tunis - Quatrieme procès de Sonya Dahmani.

Il s'agit du procès, cette fois criminel (peine encourue : 10 ans), engagé à l'encontre de Sonya Dahmani, laquelle est poursuivie à la suite d'une procédure engagée par le Procureur, à l'initiative de la Ministre de la Justice, et d'une décision de "mise en accusation", aujourd'hui frappée d'un pourvoi en cassation. 

Il est reproché à Sonya Dahmani d'avoir critiqué le système carcéral et les conditions de détention en Tunisie, à l'occasion d'une intervention médiatisée,  ce qui constitue un crime contre l'organisation de l'Etat, au sens du Décret 54, déjà utilisé  dans les autres procédures, et qui constitue la base des poursuites engagées contre Sonya, mais également contre Abir Moussi et d'autres confrères  et opposants au régime autoritaire et populiste de Kais Saied. 

Rappelons qu'à date, Sonya Dahmani a été condamnée pour ses propos concernant le racisme, l'émigration et l'organisation de la justice à des peines de 8 mois, 18 mois et 2 ans, soit 50 mois de prison ferme, sans possibilité de confusion de peines et qu'elle est détenue depuis 18 mois, après avoir été arrêtée à la Maison du Barreau de Tunis.

Rappelons également que Sonya Dahmani est en attente d'une 5ème procédure, initiée contre elle, car elle a critiqué la Ministre de la Justice, mais que dans ces deux derniers dossiers (état des prisons et critique de la Ministre), elle n'est pas sous le coup d'un mandat de dépôt. 

On le voit bien, c'est sa liberté d'expression qui est aujourd'hui condamnée, alors même que ses propos ne sont que le reflet de la vérité, le but de ces poursuites étant de la faire taire par tous moyens.

Le but de cette lenteur et de ces renvois successifs étant de lui faire faire le plus de détention possible, puisque elle ne peut bénéficier d'aucun aménagement avant que tous les procès soient purgés.

Sa fille, Nour Bettaieb, son frère, Mehdi, et sa sœur, Ramla, qui est contrainte de demeurer en France, en raison d'une condamnation à 2 années de prison ferme, prononcée contre elle, pour avoir dénoncé le régime autoritaire tunisien, font partout où ils le peuvent (USA, ONU, FBE, Barreaux français et étrangers, organisations professionnelles...) la même démarche, pour tenter de stopper la spirale infernale de ces condamnations, mais rien n'y fait, à ce jour.

L' audience du 30 septembre 2025, a été renvoyée au 11 novembre 2025, car le recours exercé contre le renvoi criminel n'a toujours pas été sanctionné d'un arrêt infirmatif ou confirmatif, qui permettrait alors au tribunal de juger. (Encore que ça n'est pas ça qui peut arrêter le pouvoir, s'il décide de passer outre).

La douzaine d'avocats présents,  et pour certains reçus par l'Ambassadrice de France, le 30 au soir,  étaient français et représentaient différents Barreaux (Nanteŕre, Lyon  Nice, Bordeaux, Marseille, ...), et des organismes tels que l'OIAD,  DSF, le CNB et la Conférence des Bâtonniers. 

Il est probable que la délégation soit plus nombreuse pour assister Sonya Dahmani le 11 novembre prochain

J'ai, pour ma part, rendez-vous avec Ramla Dahmani, au cabinet de Madame Isabelle ROME, Ambassadrice des Droits de l'Homme, le 20 octobre 2025, à 14.00 heures,  pour lui remettre un dossier complet concernant la situation de Sonya Dahmani et la sensibiliser à cette situation.

Fait à Nanterre,  le 6 octobre 2025

Pierre-Ann Laugery 

Avocat honoraire 

Vice-président de la Commission internationale du Barreau 92.